Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
MAGMA MENTAL
7 octobre 2008

Vieillir, ou pas

Qui dit break sabbatique, dit gros changements sur les horaires.
Vivre ma vie d'aujourd'hui ouvre la porte à des déplacements dans des créneaux horaires où habituellement, depuis des années, on était enfermé dans un bureau avec un combiné greffé à l'oreille et les mains scotchées sur un clavier.

Au lieu de quoi, en milieu d'après-midi, on peut savourer les joies des transports en commun avec les autres inactifs. Que sont les étudiants, les autre chomistes, les mères de famille occupées à temps plein par leur équipe de foot à domicile et enfin, les retraités.

Aujourd'hui il y avait dans le bus un petit monsieur qui avait dans les yeux quelque chose qui figeait le temps.
Il était de dos et je l'ai remarqué quand il s'est levé. Le bus, lancé à fond, amorçait sa décélération vers le prochain arrêt. Et le petit monsieur de résister péniblement pour ne pas tomber à la renverse. Un petit monsieur avec sa veste bleu marine et sa casquette en laine à carreaux, comme tous ces autres petits monsieurs. Un petit monsieur qui était sorti faire un tour à l'épicerie et qui revenait avec deux gros sacs : peut-être sa réserve pour quelques jours. Il portait des lunettes qui lui bouffaient le visage et ses paupières étaient paralysées, peut-être un reste d'attaque cérébrale...
Ses mains étaient sûrement douloureuses car ses doigts étaient noueux, il n'arrivait pas à se tenir aux poteaux en s'appuyant sur ses phalanges. A ne pas y regarder de trop près, il n'était qu'un petit monsieur en fin de course, le genre qu'on ne calcule même pas quand on est de ceux qui ne savent pas (ou refusent de) ressentir la course du temps.

Mais il y avait ce regard. Car en dépit de ces paupières usées et de ce corps vieilli, il avait le regard des gens vivants. Il observait le paysage défilant derrières les vitres du bus, et je me disais que peut-être, lui avait connu ces endroits avant qu'ils ne changent. Dans ses yeux, je voyais la certitude. La tranquilité de celui qui a vécu, qui connait la chanson, certes. Mais aussi cette force et cette détermination qu'on trouve chez les plus jeunes quand ils sont sûrs d'eux, cette façon de poser les yeux fixement sur la réalité, froidement et sereinement.

Et puis son arrêt était là, il a remis la machine en marche, et est sorti du bus. Quand je le regardais s'éloigner, je remarquais qu'en fait il avait la forme, le pas souple et régulier, il n'était pas si fatigué que ça. Il était comme ce qu'il y avait dans ses yeux : il avait l'envie...

Et je me suis dit que j'ai peur de vieillir, peur de voir mon véhicule corporel partir en sucette et d'être limitée dans mes moyens. Mais que tout ce que j'espère, c'est que dans 40 et quelques années, dans mes yeux, on trouve encore cette même chose qu'il y avait dans les siens...(et pas parce que je me serai finie congelée dans une fissure des Rocheuses en plein hiver suite à une faute de carres fatale...non non...).
Franchement, rien n'est gagné d'avance...

Publicité
Commentaires
I
c'est la fête dis donc !<br /> <br /> Moi le matin j'écoute Laurie (Lorie ?), je me mets du gloss, un brin de rimmel (Rommel ?) et je vais en cours de maths. Ca va mieux. Me sens plus jeune.
MAGMA MENTAL
Publicité
Archives
Publicité