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MAGMA MENTAL
21 octobre 2009

Franchir une étape

Il y a quelque chose de particulier avec le temps quand on émigre : il glisse beaucoup plus vite.

A l'arrivée, on a une foultitude de détails à régler, d'administrations auxquelles se présenter, d'appartements à visiter, de banquiers à recruter, de matériel à renouveler, d'équipement à magasiner, de cartons à déballer...Et on peut facilement bouffer deux à trois mois rien que sur ça.
Parallèlement, on essaie de reprendre le train en marche et de se caser pour l'hiver avec au moins un premier emploi qui paie le loyer. Parce que durant des mois avant le départ, on a entendu que nos diplômes étrangers ne seraient pas reconnus et que ce serait à toi, petit étranger, de valoriser ton expérience et d'abattre des murs pour te tailler une place dans le monde du travail.

Pour moi tout a été étonnamment rapide. A un mois de mon arrivée, le chapitre paperassier était réglé de même que la partie logement et aussi la partie emploi. Je m'étais présentée sans arrière-pensée dans le temple de la femme en ville (ah les grands magasins à trucs de filles, mon dieu...), j'avais jasé avec une personne très sympathique qui m'avait offert de revenir avec mon CV. Deux jours plus tard je lui tendais le dit CV, elle m'envoyait en face dans un comptoir qui recrutait, je rencontrais une autre personne qui me référais à une troisième que j'allais rencontrer une semaine plus tard puis après une dernière semaine et une troisième entrevue, j'étais embauchée à temps plein pour une grosse marque de cosmétiques. Je m'estimais heureuse de pouvoir au moins payer les factures et de mettre un premier pied dans la flaque.
Lorsque j'ai commencé là-bas on m'a vite prévenue que le turnover était incroyable parce que dans cette vie là, le temps file deux fois plus vite. Qu'un mois semble un trimestre, un trimestre vaut un semestre, qu'un an en vaut 2 et qu'on fatigue très rapidement. Un peu plus de trois mois plus loin, je confirme. Travailler à horaires décalés est une authentique corvée, ne connaître ses horaires qu'à peu près la veille pour le lendemain revient à être enchaîné par le cou à la porte du magasin, enfin être payé à coups de lance-pierres et trimer pour une commission qui ne vous fait pas vivre : voila qui revient à pédaler dans le vent.

L'immigration est vraiment une aventure personnelle, rien à voir avec la sécurité de l'expatriation. On tâte du terrain, on tente des coups, parfois ça marche, parfois pas. On met du temps à tout reconstruire, brique à brique, porte par porte. A bientôt 5 mois dans le pays, j'ai l'impression d'avoir déjà vécu plusieurs années. Le reste, la vie d'avant, est loin derrière au point que je commence à oublier. Je me surprends à prendre un peu d'accent et surtout des expressions locales, résultante inévitable de fréquenter peu de français et surtout des québécois. En ayant vécu pleinement cette première période, je ne peux pas me mentir bien longtemps : l'heure est venue de passer un cap.
Alors c'est reparti pour une ronde, avec sa dose de risque et de pari sur l'avenir. L'emploi présent était un début comme un autre, l'objectif était de constituer une référence locale dans une grosse boite canadienne. Objectif atteint : les chefs se disent contents et la compagnie en question est une des 10 premières du pays. Le moment est donc propice, avant de me fatiguer jusqu'au dégoût et en dépit du repli légendaire du marché à la tombée des premières neiges, propice donc pour tenter d'évoluer.

Tout était allé vite, trop vite peut-être. Il y a des étapes que j'ai sautées parce que les opportunités étaient devant moi. C'est le temps maintenant, d'y revenir plus posément et de remettre toutes les billes de mon côté pour évoluer dans le bon sens. Comme le disait un copain d'ici, trouver une jobine c'est l'affaire d'une journée de démarches. Trouver un vrai emploi de son calibre c'est déjà une job à temps plein.
Après un été à poser les fondations, c'est donc un automne de réorientation qui est en cours. Suivra un hiver de vie mieux organisée où la chasse se voudra plus performante, où le temps restera pour du bénévolat, pour du sport et pour les amis. Reste à croiser les doigts pour qu'au printemps la transformation porte ses fruits...

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