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MAGMA MENTAL

15 février 2011

C'est comme revenir et vouloir tout repeindre

Alors, mettons que je fus occupée. Oui oui.
Mettons que je perdis un peu le fil du temps, certes.
Mettons qu'en gros, j'avais autre chose à faire. Et pis voila.

C'est parce que reconstruire sa vie, c'est quand même une job à temps plein. Qui paie mal, du moins le temps que l'arbre sorte ses premiers fruits. C'est une foultitude hallucinante de détails qui s'enchainent sans prévenir, de choses à refaire auxquelles on n'avait pas pensé, de contretemps à gérer, de tentatives hasardeuses sur lesquelles on comprend vite qu'il ne faut pas trop miser. C'est aussi un train d'énergie qui vous pousse en avant en vous mettant des oeillères pour oublier le reste, et vous concentrer sur vos objectifs primaires : recommencer, sans répéter les erreurs passées.

Ca fera bientôt deux ans, oh boy. Deux ans. Et déjà tellement d'histoires que je n'ai pas racontées, tellement d'images en tête et de gens. Des changements qui se sont opérés à la surface mais surtout en dessous, et une vie qui commence à ressembler à celle que j'étais venue chercher. Après la course folle des débuts, est venue la longue foulée du deuxième tome, celui où on se pose pour de vrai et où on agit avec l'avenir dans un coin de la tête - et pas juste un avenir borné à dans deux semaines.

C'est le temps où on sait qu'on est où on devrait être. Le temps où on peut traverser la ville en auto sans jamais regarder les panneaux, car on l'a dans la tête, sa ville. Le temps où à chaque fois que, depuis l'autoroute et en dépit du trafic, voir la ligne d'horizon de sa ville rallume une flamme de joie. Le temps où on a ses petites adresses, un compte chez le boucher et le poissonnier, où on prend l'apéro le dimanche avec les voisins, où on va se pinther le vendredi avec les collègues, où on appelle les copines pour le prochain brunch, où on planifie ses vacances en ayant le goût, sincère et tenace, de les passer chez soi, parce qu'on aime ça, être chez soi.

C'est la fin de la course, c'est le début de la marche. Une marche ferme mais tranquille.

C'est donc comme revenir (à soi) mais vouloir tout repeindre (en plus beau, en soi un peu mieux). Avoir terminé son labeur et reconnecter les zones reculées du magma, frapper frénétiquement le clavier maintenant qu'on est fluent en qwerty, pour dire ces choses et ces sons nouveaux, qui viennent alimenter un magma pas si différent mais plus vraiment comme avant.

Pour commencer, peinture du blog, bientôt, quand j'aurai décidé la couleur. Puis peinture de chez moi, même causes mêmes effets donc délai indéterminé. Et qui sait, s'il me reste quelque chose de ma vie d'avant, alors peut-être aurai-je quelque assiduité à venir déverser mon magma plus souvent !

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15 février 2011

Pensée valentienne

Bon, depuis le temps que j'ai déserté la maison, il m'a fallu d'abord le temps de retrouver les clés, puis le chemin, et maintenant que je suis là je ne reconnais même plus les pièces. Faut dire que j'ai pas mal déménagé ces derniers temps, de quoi s'emmêler les pinceaux...

Alors j'ai tenté de trouver un sujet qui me plairait au moins à moi pour revenir dans mon chez-moi : en vain. Fait que je vais juste revenir comme on fait chez soi : comme ça.

Donc hier je me gaussais en lisant les aventures de Corto Maltese. Je fais un stage intensif en ce moment, sujet : plongée profonde dans mondes irréels et aventures fantastiques. Par les temps (météo) qui courent, faut ce qu'il faut.

Alors donc hier Corto naviguait dans quelques eaux brésiliennes, et jasait avec son ami ivrogne le professeur Steiner, en concluant un chapitre de ses pérégrinations par ceci : "Je pense que les femmes seraient merveilleuses si tu pouvais tomber dans leurs bras sans tomber entre leurs mains"

Parole de marin, parole d'homme, parole bien dite. Mais puisque la réciproque est tout aussi vraie, et que ce matin je me suis réveillée en réalisant qu'on allait encore nous bassiner du matin au soir sur la St-Valentin, et bien j'adopte la parole maltésienne et en fais mon crédo valentien. Ouep.


27 octobre 2009

Mes superfit me fittent

Dans la série "je m'adapte", au menu du jour nous avons pour vous la recherche de matériel adapté pour la vie dans le Permafrost.

Ce qui comprend dans le désordre :
- un manteau et des bottes capables d'empêcher que vous ne creviez sur place par -40°C
- des pelles à neige pour l'auto et pour pouvoir rentrer/sortir de la maison jour après jour
- des mitaines très fines et très chaudes pour mettre sous les gants en polaire, eux-mêmes sous les moufles
- des lunettes de soleil triple épaisseur parce que Marcel même l'hiver il cogne
- des feuilles plastique pour isoler les fenêtres (et donc ne plus les ouvrir de tout l'hiver, c'est les acariens qui aiment ça) qui de toutes façons se retrouvent tôt ou tard bloquées dans le gel pris dans l'encadrement.
- un humidificateur parce que les chauffages tournent tout le temps et assèchent complètement l'air de chez vous
- et bien sur chez soi : de l'eau potable, des bougies, une lampe de poche (avec une pile qui marche siouplé). Parce que les pannes d'électricité n'arrivent pas toujours l'été en plein après-midi quand on s'en fout de chauffer ou d'éclairer...

Le kit complet peut vite coûter une petite blinde, donc on écrème. On peut recycler les affaires de ski, s'autoriser à ne pas déneiger le patio de toute la saison, utiliser la bouilloire comme déshumidificateur, parier sur le bon isolement de chez soi pour s'épargner le blocage des fenêtres. Mais pour le manteau et les godios, il n'y a pas de joker.
Le manteau fut vite repéré durant les liquidations de septembre où ce type d'article part à des prix vraiment attractifs. Il y a même moyen de ne pas ressembler à Bibendum version femme, tout étant dans la qualité du duvet + le doublage intérieur + la ligne de fourrure sur la capuche. Il faut se donner la peine de fouiller, prendre le temps d'essayer, comparer, questionner. Mais c'est jouable.
Pour les bottes, mieux vaut ignorer l'offre au centre-ville où la mode et les faux cuirs priment à des prix exorbitants mais ne vous suivront jamais en bas d'un petit -10° de débutants. Une petite chasse à la botte au-delà de l'île peut s'avérer fort intéressante.

Et là il faut s'imaginer qu'au lieu de rentrer dans des boutiques chic et sobres, on se retrouve dans des hangars où les boites de bottes contiendraient à peu près ma télé et mon frigo. Où les bottes sont classées par tranches thermiques et où pas à pas, vous avancez le long d'un rayon qui démarre doucettement à zéro et descend doucement pas vite jusqu'à -40°C. Et là vous vous souvenez que oui, ça se peut bien, que vos pieds connaissent le -40 avant que les bourgeons ne ressortent. Une grimace de malaise peut alors s'installer sur votre faciès : ne pas paniquer, il y a toujours des solutions.
Et le bonheur c'est que là aussi il est possible de se chausser pour du -20° sans tomber dans des abîmes de laideur es chaussures. Il y a moyen de gambader joyeusement dans la neige avec aux pieds des bottes entièrement fourrées, sur semelle très haute et creusée de gros crampons, avec un maintien renforcé sur la cheville (bin oui on se gamelle inévitablement sur la glace, c'est la vie), le tout restant léger au lieu de vous plomber les jambes façon chaussures de ski.

P1080055J'ai trouvé de quoi aujourd'hui, des Superfit, qui fittent grave. Une marque canadienne made in China (bah bravo) "designed by people who love winter", même pas plus chère que les ténors du marché (Columbia, Sorel, Cougar, Kamik...).

Résultat des courses : équipement complété avec un manteau et deux paires de bottes, budget à date maintenu en dessus de 400$, il y a eu plus de peur que de mal à la Mastercard.

Prochaine étape : direction la MEC (Moutain Equipment Co-op) pour des raquettes !
ET VIVEMENT LA NEIGE !!

26 octobre 2009

Instantané montréalais

Au sud-est du Québec, il y a une île, immense, appelée Montréal.
Sur cette île, les quartiers s'enchaînent sans se ressembler, des plus sélect aux plus popu. Et au milieu, non ne coule pas une rivière, mais se dresse une montagne. En contrebas de cette montagne il y a le centre ville. Une langue de terre tranchée d'est en ouest de boulevards et de nord en sud par de petites rues transversales. Un coin de ville hyper urbanisé où les tours se font face, où les grands magasins et centre commerciaux se suivent et se ressemblent (un peu quand même...), où on peut manger n'importe quoi n'importe quand et où la surconsommation d'éclairage frôle l'indécence. On n'irait pas jusqu'à parler d'un petit Times Square local mais il y a de ça.

ste_cath

Dans cet endroit d'un calme étonnant durant les heures de travail, les montréalais sortent tels des armées de fourmis lorsqu'il est temps d'aller manger et s'adonner à l'activité fétiche du quartier : magasiner. Voire magasiner en mangeant, mais là ça prend une certaine maîtrise de la jonglette à deux doigts avec la carte de crédit. Voire s'enfiler un trio frites/café/clope puis aller se faire remaquiller au comptoir où je travaille et diffuser les odeurs de ses restes de repas auprès du personnel (dévoué, si si) dont je suis. Charmant.

Dans ce quartier d'affaires et d'affairement, l'on croise la Montréal élégante, fortunée et amatrice de luxe face à la Montréal des quartiers de ceinture, populaire si ce n'est quétaine, serrée dans sa bourse et pour qui le rêve de la consommation s'arrête vite à la vitrine du magasin. Tout ce beau monde se mêle aux heures de pointe et s'ignore vaguement le temps de manger un wrap, un bagel, une salade/panini puis de retourner au bureau. Dans ce tout le monde on trouve aussi le personnel en service, depuis les serveurs jusqu'aux équipes de ménage, en passant par tous ceux qui bossent en uniforme. En sachant que quand on porte l'uniforme d'une grande marque de cosmétiques de luxe, dans un quartier pareil, les regards se fixent sur nous. Pas sur nous en fait, mais sur l'uniforme.

Alors imaginons cette rue, sous la pluie, un samedi de gros trafic en magasin. Imaginons 3 personnes en uniforme de la marque au sigle en forme de rose, sorties sans leurs manteaux jusqu'à l'autre côté de la rue. Sorties pour s'enfiler des oeufs et un bagel pas cher chez Nickels, juste en face de la sortie du centre Eaton. Peu importe la photo ignoble de la proprio (Céline Dion) à l'entrée du restaurant, c'est le décor Happy Days, les juke box et le contenu de la gamelle qui leur auront fait traverser la rue. En entrant dans le restaurant, on les place sans qu'ils demandent à la banquette au fond de la salle, pour qu'ils mangent sans que les clients n'écoutent leurs conversations. En repartant, ils savent qu'on les observe et font comme si de rien n'était. En sortant dans la rue, alors que les gens s'abritent le chef de la surface de leur Métro ou leur 24h pris plus tôt dans le métro, nos trois acolytes n'ont rien pour se protéger à part leurs uniformes. Les voila courant pour éviter la pluie jusqu'à l'accès au centre Eaton, le membre gay de la bande braillant dans la rue "ah mais mon make up il est pô waterproof !!".

Ces 3 personnes sont bien plus que leurs uniformes. Elles recèlent des trésors d'humour, d'humanité et d'intelligence. Elles voient le genre humain dans toutes ses facettes, chaque jour, et de près. Elles en savent long sur une partie de ceux qui les observent à tous les détours d'allées marchandes. Elles sont des psys de comptoir aux consultations sous-payées. Deux d'entre elles sont maintenant mes ami et amie, et la 3ème c'était moi. Traversant la rue en pestant contre la pluie qui allait encore me faire friser la tignasse.

Et je voyais la scène comme si je n'avais pas été dedans. Parce que c'est ça, la particularité des métiers exercés en uniforme...

21 octobre 2009

Franchir une étape

Il y a quelque chose de particulier avec le temps quand on émigre : il glisse beaucoup plus vite.

A l'arrivée, on a une foultitude de détails à régler, d'administrations auxquelles se présenter, d'appartements à visiter, de banquiers à recruter, de matériel à renouveler, d'équipement à magasiner, de cartons à déballer...Et on peut facilement bouffer deux à trois mois rien que sur ça.
Parallèlement, on essaie de reprendre le train en marche et de se caser pour l'hiver avec au moins un premier emploi qui paie le loyer. Parce que durant des mois avant le départ, on a entendu que nos diplômes étrangers ne seraient pas reconnus et que ce serait à toi, petit étranger, de valoriser ton expérience et d'abattre des murs pour te tailler une place dans le monde du travail.

Pour moi tout a été étonnamment rapide. A un mois de mon arrivée, le chapitre paperassier était réglé de même que la partie logement et aussi la partie emploi. Je m'étais présentée sans arrière-pensée dans le temple de la femme en ville (ah les grands magasins à trucs de filles, mon dieu...), j'avais jasé avec une personne très sympathique qui m'avait offert de revenir avec mon CV. Deux jours plus tard je lui tendais le dit CV, elle m'envoyait en face dans un comptoir qui recrutait, je rencontrais une autre personne qui me référais à une troisième que j'allais rencontrer une semaine plus tard puis après une dernière semaine et une troisième entrevue, j'étais embauchée à temps plein pour une grosse marque de cosmétiques. Je m'estimais heureuse de pouvoir au moins payer les factures et de mettre un premier pied dans la flaque.
Lorsque j'ai commencé là-bas on m'a vite prévenue que le turnover était incroyable parce que dans cette vie là, le temps file deux fois plus vite. Qu'un mois semble un trimestre, un trimestre vaut un semestre, qu'un an en vaut 2 et qu'on fatigue très rapidement. Un peu plus de trois mois plus loin, je confirme. Travailler à horaires décalés est une authentique corvée, ne connaître ses horaires qu'à peu près la veille pour le lendemain revient à être enchaîné par le cou à la porte du magasin, enfin être payé à coups de lance-pierres et trimer pour une commission qui ne vous fait pas vivre : voila qui revient à pédaler dans le vent.

L'immigration est vraiment une aventure personnelle, rien à voir avec la sécurité de l'expatriation. On tâte du terrain, on tente des coups, parfois ça marche, parfois pas. On met du temps à tout reconstruire, brique à brique, porte par porte. A bientôt 5 mois dans le pays, j'ai l'impression d'avoir déjà vécu plusieurs années. Le reste, la vie d'avant, est loin derrière au point que je commence à oublier. Je me surprends à prendre un peu d'accent et surtout des expressions locales, résultante inévitable de fréquenter peu de français et surtout des québécois. En ayant vécu pleinement cette première période, je ne peux pas me mentir bien longtemps : l'heure est venue de passer un cap.
Alors c'est reparti pour une ronde, avec sa dose de risque et de pari sur l'avenir. L'emploi présent était un début comme un autre, l'objectif était de constituer une référence locale dans une grosse boite canadienne. Objectif atteint : les chefs se disent contents et la compagnie en question est une des 10 premières du pays. Le moment est donc propice, avant de me fatiguer jusqu'au dégoût et en dépit du repli légendaire du marché à la tombée des premières neiges, propice donc pour tenter d'évoluer.

Tout était allé vite, trop vite peut-être. Il y a des étapes que j'ai sautées parce que les opportunités étaient devant moi. C'est le temps maintenant, d'y revenir plus posément et de remettre toutes les billes de mon côté pour évoluer dans le bon sens. Comme le disait un copain d'ici, trouver une jobine c'est l'affaire d'une journée de démarches. Trouver un vrai emploi de son calibre c'est déjà une job à temps plein.
Après un été à poser les fondations, c'est donc un automne de réorientation qui est en cours. Suivra un hiver de vie mieux organisée où la chasse se voudra plus performante, où le temps restera pour du bénévolat, pour du sport et pour les amis. Reste à croiser les doigts pour qu'au printemps la transformation porte ses fruits...

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16 octobre 2009

Le bonheur, ca pousse par les cheveux

Ce matin, et puis même hier et avant-hier, je dirais que je n'étais pas heureuse. Parce que c'en est fini de l'été, parce que je suis fatiguée en ce changement de saison, parce que ma job de vendeuse de rêves me tape sur les nerfs, pis surtout parce que je ne pouvais plus saquer mes cheveux.

Voila presque 5 mois que je suis à Montréal et ma dernière coupe de cheveux datait de Lyon, au moins 6 mois. J'avais une tête d'épouvantail. Pour vendre du rêve et pour se vendre ailleurs, tu parles d'une entrée en matière...

Je demandais à toutes mes nouvelles copines montréalaises de me rencarder sur un coiffeur, mais rien de convaincant ne sortait du lot. A vrai dire elles me demandaient plutôt de leur dire si je trouvais un bon plan ! Et le choix était dur : il y a des salons tous les 500m (j'exagère à peine), ici tout le monde a une coupe travaillée et soignée, pis moi je partais avec un point de comparaison pas comparable. A savoir Steeve et Patrick. Les deux pélos du boulevard Croix-Rousse qui avaient fait ami/ami avec ma crinière et qui me promenaient dans leurs souvenirs à chacun de mes passages. Eux qui avaient bossé pendant 10 ans dans la troupe de Béjart comme coiffeurs postichiers, et voyagé à travers le monde grâce à leur job, avaient toujours une bonne histoire ou une belle anecdote à servir. Pis surtout Patrick avait un méchant coup de ciseaux et le salon était super beau. Petit, intimiste, théâtral, cosy : j'adorais.

Et depuis quelques temps je passais devant une vitrine à 5 minutes de chez moi, qui m'alléchait mais je n'avais jamais le temps de m'arrêter. Sûre que les prix seraient indécents à cause de l'emplacement (Quartier Latin), je fus surprise de découvrir un service de coupe à 50 pièces et un menu beauté bien garni grâce à la présence d'une esthéticienne dans l'équipe. Alors cet aprem, après un passage soporifique dans l'univers des hommes (Canadian Tire : il me fallait des plugs pour bricoler des lampes, barbant à mort), je m'en revenais chez moi avec ce nuage gris au-dessus des pensées.

Et ça m'a pris comme une urgence : direction Le Barbershop.

barbershop_coiffure

Je rentre là-dedans et adore d'entrée de jeu l'espace : vaste, lumineux, industriel mais chaleureux. Les coiffeurs sont tous visagistes et ça se voit à leurs coupes délurées. Je n'avais pas RDV et demande au hasard qui serait dispo. Se présente alors Letizia, italo très anglophone mais bien d'ici, suicide blonde à la mèche disproportionnée, super gentille et souriante. Elle me dit "viens t'en" et on arrive à l'étage, inondé du beau soleil de cette froide journée. Elle m'installe, et je retire mes lunettes : de là commence tout un jeu pour me faire la surprise de la coupe, puisque pendant qu'elle bossait je ne voyais rien à plus de 50cm.

Le résultat est cool, facile à coiffer, du faux classique vraiment moderne qui se laisse bien faire dans les matins de rush où on s'est légèrement oublié sur l'oreiller. Coût de l'opération : 50 pièces + pourliche, c'est franchement honnête. Le temps que ça repousse, et ma copine ritale me reverra c'est certain.
En bonus, il se trouve que comme à peu près la moitié de la ville, elle connaît le comptoir où je bosse et comme tous les autres avant elle, elle m'a fait observer que la "sorcière" de l'équipe faisait vraiment peur à voir. Petit malaise, suivi de gloussements débiles, mais résultat : même en jour off chez le coiffeur, j'ai fini par vendre encore une promotion !! Chte jure...pffff !

14 octobre 2009

Patatraque...

Bin voila. Pourtant on ne pourra pas dire que le froid ne s'était pas annoncé.
Et puis en consultant le site de la météo en vue d'une virée campagnarde demain, qu'est ce que je vois-je ?
Premières neiges dans les Laurentides, jusque là rien de trop étonnant.
Ah et puis aussi à Québec, woooopelaï ca se gâte.
Et paf, même à Sherbrooke, à 2h plus au sud de Montréal.

Photo de ce matin prise par une habitante de la ville :

sherbrooke

Et c'est sans insister sur l'avis de gel cette nuit en ville, ni les 2 couches de pull que j'ai sur le dos présentement, ni l'impossibilité désormais révolue de se passer de chauffage alors que demain au réveil il fera -4°C ressentis.

Tout ça, bien évidemment, alors que je suis en congés. Sinon ce serait pas drôle...
Bon bin, vais aller m'acheter des raquettes moé. Tant qu'à faire !

11 octobre 2009

Quand la bouffe va, tout va

Aujourd'hui, un petit billet sur un anthologique démon français.

Cette étrange idée proprement française, qui veut qu'en dehors de l'Hexagone il soit à peu près impossible de bien manger. A fortiori sur le continent nord-américain : l'Amérique, cette terre de sauvages, étant grosso modo l'Auschwitz culinaire des bons vieux gaulois.

Ceux qui ont voyagé savent bien que la cuisine française n'a pour elle que son style, et que les aliments de qualité se trouvent à tous les coins de la planète. N'empêche, avant mon départ pour le Permafrost Canada, plusieurs m'ont tapoté l'épaule avec un air chagriné, soulignant que moi l'insatiable gourmande, j'allais morfler une fois rendue ici.

Ne confondons pas Québec et reste de l'Amérique du Nord. Petite précision pour commencer : le mot BOUFFE. Ici la bouffe n'est pas vaguement la nourriture, le terme désigne au contraire le bon graillon, l'heureux mâchon, le plaisir de manger et en particulier de manger sain et local.
Il n'y a qu'à allumer sa télé, acheter des magazines et faire sa commande (remplir son caddie) pour le comprendre. Les émissions de cuisine pullulent, les chefs sont des stars qui font rêver les dames et vendent leurs livres de recettes (assez simples au demeurant) à la chaîne, et les kiosques à journaux débordent de presse spécialisée. Les chaînes d'hypermarchés signent leurs campagnes d'un simple "Vive la Bouffe" (IGA), "Profession : Épicier" (Métro), "Si vite, si bon" (Provigo) et distribuent à tous les coins de leurs magasins des fiches cuisine et des flyers d'aide à la coupe du poisson ou à l'assortiment des mets. Ces épiceries sont des espaces soignés, où la présentation des aliments est valorisante et la signalétique archi pédagogue. Même si on trouve assez facilement des fromages de coupe périmés encore dans les bacs, globalement les aliments frais et de bonne qualité sont très faciles à trouver. Ajoutons à cela la réglementation du secteur, qui veut que la nourriture non transformée ne soit pas taxée. Résultat : ceux qui font leur bouffe avec leurs petites mains ne paient pas de taxes, par opposition aux mangeurs de bouffe en boite et de poissons à coins carrés. 

Donc contrairement aux jérémiades trop souvent entendues, il est tout à fait possible de manger sain et goûtu. Un fait avéré reste une vérité : celui qui est par nature un ventre sur pattes restera téléguidé vers les bonnes choses.

Alors quand vient le temps du comfort food, quand on a sorti les manteaux, les bottes et les bonnes chaussettes, on peut par exemple terminer sa journée de la sorte :

P1070992

Avec l'aide de l'ami Métro qui répète à la télé qu'il nous connaît si bien, ce soir ce fut gratin de brocolis et saucisse italienne (saucisse blanche légèrement aromatisée à la tomate et au basilic).
Budget : 99 sous pour le légume et 2,82$ pour les saucisses. Ajoutons de quoi faire la béchamel et un peu de râpé cheddar/mozza (Kraft, j'avoue...), et nous avons un repas pour deux à 5$ à tout péter.
Qui dit mieux ?

Alors hein, merde aux chialeurs et mort aux idées reçues. Le Québec est une terre de bonne bouffe, qu'on se le dise et si on n'y croit pas, qu'on vienne le vérifier armé de sa fourchette et son couteau ;)

4 octobre 2009

4 mois, un été, et l'hiver qui s'en vient

Ooops, plus de trois mois sans même penser à mettre les pieds ici. Aïe, j'avais oublié...

Le 29 mai dernier, tard un vendredi soir, je mettais les pieds à Trudeau et prenais mon mal en patience pour passer les diverses étapes de l'immigration canadienne. Avec l'étrange impression de terminer un marathon, en enchainant les interlocuteurs de bureau en comptoir et en portes de sortie. Tout autant de visages qui disaient "bonsoir et bonne chance", drôle de sensation d'être dans un film.
Après avoir encaissé le décalage horaire, ce fut la ronde des administrations pour exister ici : figurer dans une base de données parmi des millions de lignes à l'assurance sociale et à la régie maladie, signer des papiers aux douaniers pour que la liste de mes affaires vienne farcir leurs épaisses archives, obtenir un permis de conduire et l'un dans l'autre recommencer à collectionner les cartes de ceci cela.

Et depuis, il y a eu quatre mois, paf comme ça. Quatre mois à...
  hanter les magasins pour acheter à bon prix mon lot de rééquipement,
  retaper de vieilles chaises (voir infra)
  explorer ma nouvelle île (bin oui, Montréal est une île)
  me gondoler devant les particularismes de la télévision nord-américaine
  envoyer des CV au pif total, sans avoir pris la peine de structurer mes démarches
  trouver un boulot en 3 semaines et ne pas en revenir
  déballer des cartons à toute berzingue et ranger, ranger, ranger,
  regarder la pluie battre le bitume les soirs de juillet, quand l'été délivre ses pires orages
  écouter les concerts des festivals d'été, même depuis mon salon je pouvais en profiter (choix très judicieux de quartier où habiter)
  prendre les bus et les métros, en mémorisant peu à peu la carte du réseau STM
  harpenter des galeries et des musées
  trainer au vieux port le long des quais, pour profiter de la fraicheur du soir
  traverser le fleuve pour aller en face, sur la petite ile pleine d'arbres (Ste Hélène) et regarder la ville au soleil couchant avant de rentrer par les eaux du fleuve
  apprendre ce que c'est de bosser hors horaires conventionnels, les dimanche mais pas les mardi, les soirs mais pas les matins, le tout jamais aux mêmes heures
  observer de près la complexité du genre féminin, au boulot, entre deux tentatives de vente de crèmes à 200 pièces
  filer dans un Starbuck au temps de la pause et profiter du calme incroyable qui règne dans ces cafés
  puis aller sur les bancs du square à côté du travail, regarder les pigeons et leurs règles sociales, en vidant le piccolo du Starbuck
  remplir progressivement mon placard à bouffe et refaire, instinctivement, les mêmes recettes qu'avant
  découvrir plein de nouvelles personnes et leurs univers aussi variés que ce que le genre humain peut donner
  manger des huitres chaudes pour la première fois
  penser que même si bien des choses sont encore devant, le simple fait de les savoir en arrivée se suffit à lui-même. et réserver la surprise pour quand elle viendra
  parfois, me surprendre à penser que je vis ici depuis des mois et des mois alors que je n'ai même pas un semestre au compteur
  parfois aussi, réaliser que de ma bouche sortent des mots et des expressions d'ici, à la place de ceux d'avant
  oublier la France, parce que c'est trop compliqué de se tenir encore au courant de ce qu'il s'y passe
  découvrir les joies du jacuzzi/sauna après le travail, comme en guise d'apéro (!)
  faire des photos des fois un peu, si l'envie y était
  trainer dans des parcs et causer aux écureuils présents en abondance
  accumuler les pic-nics
  trouver de la rosette qui tue les ours à 1$ les 10 tranches, et assumer de traverser la ville pour aller faire un refill
  manger des homards d'1 kg pièce au plus fort de la saison (et tomber de délice)
  écouter RDI en rentrant du boulot et parier sur "élections, pas élections ?" pour cet automne
  chialer contre mon frigo trop bruyant qui semble envoyer des messages vers la lune en plein dans mon sommeil
  rire grassement en entendant des enfants dévaler la pente de ma rue à fond les manettes, en sens interdit et sans casque, avant de se faire achaler par la patrouille de police qui tourne à peu près tout le temps dans ce quartier bien animé...

Et plus récemment...
  remettre ma job en cause par pure envie de changement vers de meilleures conditions
  ressortir ma couette en constatant que le bout d'orteil qui dépasse me chatouillait de froid
  entendre l'actualité du hockey ré-envahir l'espace public depuis que la saison a repris
  recommencer à faire de la soupe et à porter des chaussettes
  regarder en temps réel les nouvelles saisons des grosses séries américaines sans plus jamais me taper du streaming cradingue avec sous-titrages douteux
  aller dormir super tôt et me lever avec les poules même quand c'est un jour off

Et demain, direction l'auto-cueillette dans les vergers de la rive nord, go pour une cargaison de pommes et des courges à vontade. Encore un nouveau jour dans la valse du temps, en route vers mon 5è mois ici...

25 juin 2009

C'est secret, ne dites pas que j'vous l'ai dit

Depuis plusieurs semaines que j'erre au hasard du choix gargantuesque de Vidéotron (le seul opérateur de cable dans ce coin de la planète), j'en bouffe de la pub. Avec une coupure toutes les 10 minutes, me voila dans le bain.

La pub TV d'ici est plus directement commerciale (annonces de promos, les spéciaux de la semaine, blablabla) et dominée par les univers de la bouffe, la maison et la bagnole. Quand on dit que la ventilation de l'espace publicitaire télévisuel est dans chaque pays un juste reflet des priorités du consommateur moyen, ca laisse songeur...
En tous cas, exit les spots de 3 minutes à mater la chute de reins de Nicole Kidman pour nous embarquer dans l'univers du 5 de Chanel. Exit les sagas d'assureurs ("de toutes les manières, c'est la Maaf que j'préfère...") et les banquiers dansants (Crédit Agricole). Et l'expérience montre qu'on s'en passe sans problème...

Finalement l'autre domaine qui donne un peu matière à rêver dans le paysage pub TV, c'est LA marque de fabrique locale : le pays. S'entendant tantôt comme le Québec, tantot comme le Canada. Où on vous vante les merveilles de nature à proximité de vous (prière de prendre la notion de proximité avec des pincettes), les superbes établissements qui vous attendent pour vous gâter durant un WE de rêve, les découvertes inoubliables que vous ferez si vous vous décidez à sortir de votre trou. Pffff....je suis publicito-déprimée...

Sauf avec la saga "secret d'ici".
Chaque spot débute sur une vidéo amateur (ou façon...) saisissant au vif une tranche de vie. Ca peut se passer n'importe où entre les deux cotes, mais ca finit toujours sur un "où est-ce?" auquel la réponse est invariablement : WWW.SECRETDICI.CA

secretdici

Gros buzz monté par Air Canada via sa marque Aéroplan (le programme de fidélité), collectant photos et vidéos de n'importe où sur l'étendue du pays. Avec possibilité de voter, de proposer des contenus, de faire sa petite banque de favoris, et bien entendu d'acheter un billet pour aller voir tout ça de plus près.

Histoire de bien se souvenir que oui, le plus beau pays du monde c'est le Canada...

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