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MAGMA MENTAL
21 octobre 2007

Le jour où j'ai marché jusqu'au bout du continent

Par un beau samedi ensoleillé (non j'enjolive, en vrai il faisait gris et on avait supposément 4h chrono pour bouger avant des rafales de pluie), je me réveillai un tantinet ensuquée et me tirais du grand lit prêté par l'ami Yvan, pour enfiler illico vêtements, chaussures, gants, écharpe et doudoune...puis tracer.

Partis de la maison bleue vers 8h30, nous avons fait un stop dans la boulangerie du coin. Apparemment la seule qui fournisse du bon pain dans ce désert gastronomique qu'est Terre-Neuve. Il faisait vraiment froid dehors. Du moins pour les standards d'un métabolisme européen, ce qui fait doucement rigoler les québécois du reste. En tous cas assez froid pour transformer la boulangerie en sauna pour petits pains. Derrière l'épaisse couche de buée qui recouvrait la vitrine, se dressaient deux dames sorties d'une autre époque. Il aurait suffit de leur rajouter un fichu sur les cheveux et une chemise à col Claudine pour tomber dans un décor digne de la Petite Maison dans la Prairie. En tous cas ça humait le bon pain et nous sommes partis de là avec un gros pacquasse de begels, du pain chocolat/canneberges (une tuerie) et du houmous.

Les plus français parmi vous diront hein mais quoi du houmous dès le petit déj mais t'as perdu la boule ? Certes, sauf qu'on partait pour une bonne rando d'environ 5h à bords de falaises, là où le vent souffle fort et où tout lest ingéré peut être de nature à vous éviter de vous envoler...

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Puis nous prenons la route à bord du char mythique d'Yvan (une vieille Ford qui a traversé les États-Unis je ne sais combien de fois, même que chez Majorette elle n'existe sûrement pas celle-là) et taillons vers un endroit légendaire...le point le plus à l'est du continent nord-américain, le bout du bout du bout de la terre avant les milliers de kilomètres d'océan : Cape Spear.

Nous posons la voiture dans un hameau quasi désert et partons dans la direction opposée de Cape Spear, afin de traverser des forêts, longer des (petites) falaises, voir des vagues bien balaises et marcher jusqu'à "Little Point", une bande de roche plantée dans de l'océan, dernières longueurs de la moraine (cf. souvenez-vous de vos cours du collège, le Canada n'était qu'un immense glacier...). De là-bas on aura une vue sur le cap que je ne serai pas prête d'oublier.

Comme pour l'Algonquin, je pourrais vous le raconter en 150.000 caractères, mais les images sont bien meilleures à ce jeu là. Well my friends, here we go :

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Durant toute cette marche, nous avons redouté la pluie. Qui n'est finalement pas venue. Nous avons longé la cote en suivant un sentier qui vous emmène de forêt en falaise, vous fait traverser des embruns, vous donne l'occasion d'observer maintes bizarreries archéologiques et de voir comment la flore se bat pour survivre face à des vents violents et une mer déchaînée. Les arbres sont complètement déformés sous la force du vent, quand ils ne sont pas juste arrachés par le milieu. A l'occasion vous pouvez croiser un petit érable, planqué derrière des sapins, sorte de miraculé de la forêt...
Mais le reste n'est qu'un fin tapis déjà rougi par le froid, qui peine à recouvrir l'élément dominant : la roche.

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Tout ici respire la force mêlée de sérénité. On avance, on regarde les vagues, on respire l'air incroyablement pur, on tourne sur soi-même et où qu'on regarde, c'est l'océan. On se sent tout petit et ça fait un bien fou. On sent comme on aime Mère Nature et on ne veut plus jamais vivre en ville. On voudrait juste avoir des ailes, l'espace de quelques heures, pour pouvoir survoler toutes ces merveilles.
Moi, quand je serai morte, j'aimerais vraiment pouvoir devenir un ange ou me réincarner en oiseau migrateur. Pour voler...

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Arrivés au bout de Little Point, nous reprenons le chemin du retour et une fois à la voiture, faisons un petit détour par le phare de Cape Spear. Pure attraction touristique mais il est joli, posé là...
De là-bas nous observons les vagues qui viennent fouetter la roche sans même la déformer, et qui gonflent de minute en minute. L'air se réchauffe légèrement, le vent souffle, les vagues montent = la pluie est imminente et ce sera une queue de tempête suffisamment forte pour que ce bateau là bas au loin, juge plus sage de rentrer s'abriter au port.

Nous rentrons à la maison bleue et préparons des sushis. Je suis morte de fatigue parce que régénérée. Ce soir ce sera une soirée au chaud tandis que la pluie frappe les carreaux. Demain il se peut que le ciel prenne sa revanche et qu'on ne puisse pas faire grand chose.

Restera simplement une étape : mon screetched in, intronisation Terreneuvienne pour les durs à cuire (non ça ne semble pas si terrible, c'est juste encore un truc de poches à gnaule). Après quoi je pourrai me vanter d'en être une, une Newfie...

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Commentaires
M
Que c'est beau, que c'est beau !<br /> J'espère moi aussi qu'un jour je pourrai cocher cette ligne sur la liste de mes rêves !
Y
... de faire ta connaissance et de te faire visiter les alentours un peu. On remettra bien ça un jour, que ce soit de ton côté de l'étang ou du mien! :-)
MAGMA MENTAL
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