Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
MAGMA MENTAL
18 octobre 2007

Être Montréalais ou ne pas être

Le fond de l’air est frais…la iiiooohhh la iiiooohhh…il n’y a plus de saisons… la iiiooohhh la iiiooohhh

P1020554Lundi matin, je sors de Bonaventure après 1/2h de train de banlieue et fais mes premiers pas en solo dans Montréal. Et cash, j’aime. Je ne sais pas comment dire. Un peu comme si Haagen-Dazs sortait une nouvelle recette et que vous fondiez pour elle direct dès la première cuillère. Il y a des endroits, vous y arrivez, vous y passez 5 minutes et d’emblée vous êtes dans votre élément.
Pour moi Montréal fut un Eden. L’est toujours du reste, et risque de le rester longtemps.

Déjà elle est belle. Belle parce que variée, haute en couleurs et multicolore, par endroits d’une élégance raffinée mais ailleurs bordélique et brute de fonderie, par endroits vieille et froissée mais ailleurs jeune et rebelle, tantôt sereine et tantôt surexcitée. Elle est comme une personne qui changerait d’humeur toutes les 4 minutes tout en gardant toujours le cœur léger. Tellement vivante…

C’est un endroit où ca bouge. Ca bosse, ça étudie (postez-vous dans la station de métro Berri-Uqam aux heures de pointe : authentique marée humaine de type jeune avec implant d’Ipod aux oreilles et jeans troués), ça parle, ça galope, ça produit, ça mange, ça boit et ça fume, ça chante et ça danse, ça rie, ça commerce, ça circule, ça pense, ça crée. Mais en douceur et dans un calme bien étonnant pour qui est plus coutumier du bordel ronchon à la française. Parce qu’au milieu de toutes leurs activités, les gens semblent savoir apprécier le temps, se poser au soleil et bouquiner pépères, discuter avec des inconnus (comme la vendeuse chez Levi’s, qui mimait trop bien les clientes pas à l’aise dans leur jeans et a vu au 1er coup d’œil lequel était fait pour moi. Conversation de haute voltige aussi sur le non-emploi du sèche-linge en Europe…) et vivre l’instant présent.

Il faisait un temps de chien mouillé qui poque et arrivée ici, le soleil est revenu. Comme un cadeau de bienvenue pour mieux glander en terrasse ou sur la place des Arts en poursuivant la lecture de ‘Geisha’ avec un caffe latte à la main. Comme une manière de repousser le moment où j’allais m’engouffrer dans leurs 30km de tunnels souterrains et m’y perdre allègrement en désespérant de retrouver la lumière naturelle (environ 2h sans voir le jour : séances ciné mises à part, pour moi ça relève de l’exploit). Et au lieu de ça de déam buller le long des quais et ruelles du Vieux Montréal, de prendre la rue Sherbrooke, la (fameuse) ‘Catherine’, les boulevards de Maisonneuve ou René Levesque…en long, en large et en travers, d’est en ouest et de ‘centre d’achats’ en ‘foire alimentaire’, de café surchauffé (déjà à cette période de l’année les bonnets étaient de sortie) en couloir interminable que tu longes sans jamais savoir où tu seras en ressortant de là (quitte à te paumer dans des locaux professionnels, tout penaud avec ton sac à dos, tes baskets et ton numérique dans la poche). Ca m’a bien fait rire quand des passants m’ont demandé leur chemin…c’est pas parce que je n’avais pas l’air trop perdue que je ne l’étais pas! Mais ici on raisonne par les points cardinaux donc on n’est jamais réellement largué. Alors on ne sort pas son plan toutes les 4 secondes. On repère quelques tours dans la ligne d’horizon, on mémorise leur emplacement et on se contente de lire les panneaux.

P1020467P1020457P1020474P1020581P1020572

L’Ontario était sauvage et m’avait donné la grosse envie de bouger. Montréal est une grande métropole mais pour alerte qu’elle soit, elle m’a donné envie de me calmer. De prendre leur rythme. D’avancer sans courir, d’avaler toutes les images dans mon champ de vue mais sans boulimie photographique, de lire (lire mon livre ou lire ce qui tombait des rayons, avachie dans les canapés des librairies de la Catherine), de marcher jusqu’à ce que mes chaussettes en fument et que mes mollets se crispent. De trainer dans les boutiques du centre Eaton ou les 7étages de La Baie et délirer toute seule sur la touche des vieux fauteuils bien beauf au dernier étage (planqués là depuis allez savoir combien d’années. De toutes façons qui achèterait ça…).


Ici on est touriste sans le ressentir. Il y a une grosse offre pour les visiteurs mais en dehors du Vieux Montréal, le reste ne m’a pas semblé taillé pour le tourisme. Ce qu’il y a à voir ici, c’est ce que voient les locaux eux-mêmes, tant la vie culturelle est foisonnante. Impossible de s’emmerder à Montréal, à moins d'être un sociopathe fini.

Du coup le seul musée à touristes dont j’ai poussé les portes fut celui de Pointe-à-Callière. Musée d’archéologie et d’Histoire de la ville, où on évolue en souterrain (encore!), directement dans les ruines dégagées au cours de la construction du bâtiment. Ruines commentées de panneaux et vitrines reconstituant l’évolution de l’ile…depuis une terre de conflits entre indiens, rendue prospère par une paix orchestrée par les français, puis passée aux mains des anglais mais poussée par nature à devenir de plus en plus cosmopolite (emplacement oblige…), jusqu’à ce que la petite ville s’étende dans les terres et que les faubourgs populaires d’alors soient repoussés plus loin encore, et plus loin encore…

Le reste de mes 3 jours d’explorations n’est qu’anecdotes. Elles resteront dans mon carnet de voyage parce qu’elles y ont meilleure place. Demain matin, je pars avec mon cousin faire un tour au Mont Royal, histoire de mesurer d’en haut tous les kilomètres parcourus en bas (si vous ne comprenez pas, prenez une carte…c’est simple).

Je vis dans des villes depuis mercredi soir dernier. Une semaine complète qui fut à la fois reposante et fatigante. Parce que marcher sur des boulevards me fatigue bien plus que grimper des collines. Et parce que chercher la paire de bottes de mes rêves dans ce dédale de couloirs s’est avéré bien plus chiant que chercher l’orignal ou taquiner le castor dans la foret.

Alors demain midi, je file à l’aéroport et l’aventure continue. Next step : Newfoundland. A moi l’océan…

Publicité
Commentaires
I
passe quand meme une soirée aux foufounes electriques, rue Ste Catherine, ca vaut le deplacement !
MAGMA MENTAL
Publicité
Archives
Publicité