Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
MAGMA MENTAL
4 novembre 2008

D-day

Des mois, des mois et des mois que ça dure.
Je ne sais pas si c'est l'anti-bushisme consommé de la France qui explique la surcouverture de ces 44èmes présidentielles US, ou si c'est moi qui vivais sur un cosmos éloigné ces dernières années, mais de mémoire de française télévore, je n'ai jamais vu une échéance électorale étrangère monopoliser autant l'espace médiatique national.

Au début, ca faisait sourire. Personne n'y croyait. Les américains, capables de changer ? Hahaha...
Après le tri des primaires vint le temps de l'affrontement entre la vieille Amérique fanée qui est encore capable de voter pour un mec ayant piqué son nom à une marque de frites surgelées, et l'Amérique qui en a ras le bol et espère le changement. Une Amérique qu'on a longtemps définie comme l'enfant terrible de l'humanité, le junior country auquel il restait tant à apprendre pour s'assagir. Celle qui s'est pris pas mal de claques après avoir choisi de confier le pouvoir à un acérébré grillé au whisky. Celle qui semble avoir enfin grandit et vouloir enfin, enfin, provoquer son destin.

Premier contact, j'avais 13 ans. Mon anglais se limitait à la moitié du collège, quand j'ai embarqué pour un long vol via Raleigh pour Atlanta. Tard, après un trajet en car sur ces routes aux marquages jaunes, je rencontrais la famille d'enseignants qui avait bien voulu de moi pour un été. Et cette serveuse, une heure plus tard, jeune, brune aux cheveux longs, de m'envoyer dans un sourire un "Welc'm t' Unaï...d Tssss" (welcome to the United States). S'en est suivi un été de pur fun, à faire des sauts de fous dans les chutes des Rocky Moutains, à observer les forêts, à partir au ciné avec le grand frère à bord d'une authentique Buick décapotable bordeaux avec skaï blanc dedans (et les 3 places à l'avant), à me gaver de Ben&Jerry's, à multiplier les activités au 4H camp (genre de centres de plein air, je sais pas trop comment décrire), à voir un match des très fameux Braves d'Atlanta au stade, tout ça...
Quelques étés plus loin, ce fut une famille très middle class du nord, dans le Michigan. Papa travaillait chez Ford, comme tout le monde. Maman était à la maison et cuisinait comme une déesse et me fit découvrir les trésors cachés de la cuisine américaine, une cuisine de settlers sans le sou mais pas amputés des papilles pour autant. Le Michigan, ses vertes étendues, les dunes immenses, les lacs partout, une terre généreuse et une société marquée par les transitions industrielles. Le musée Henry Ford pour y voir les tout premiers appareils desquels son grand copain Edison fit jaillir les premières étincelles d'électricité. Y voir les télégraphes de l'époque du Poney Express. Y voir aussi la voiture dans laquelle Kennedy était assis lors de son assassinat, rapidement nettoyée pour transporter Johnson le rat de bas étages. Y voir la lettre de Clyde Barrow s'excusant auprès de Mr Ford de lui faire de la mauvaise publicité en ayant volé une de ses voitures, au tout début de l'aventure avec Bonnie Parker.
Un hiver plus tard, retour au même endroit en pleine tempête de neige. Mais tempête version Amérique du nord, ca rigole plus. L'atterrissage aux forceps, la piste gelée, la décharge des bagages impossible dans ce déluge, l'enfer de la route avec une automatique pas équipée pour. Mes doigts tranchés aux articulations par ce froid et les batailles de neige ou autres courses à la luge. L'école, assister à un cours de français sans intervenir quand la prof dit "auchoudui on manche le soupe avec la fromage". Assister à un cours d'éducation civique donné par un officier de police, basculer dans un autre monde. Puis rentrer...
La dernière occasion fut NY, en hiver, et pas un hiver de petits joueurs. Le régal, NY qu'on peut décrire en 200 mots à la minute comme décrire du simple sourire qu'elle nous inspire. NY dont je me souviens pour ce fameux soir en haut d'une des jumelles du WTC, cette vue plongeante sur la ville éclairée de toutes les couleurs. La hauteur tellement vertigineuse, qui vous revient forcément dans les jambes lorsqu'arrive le 11 septembre.

Depuis, je ne reconnaissais pas l'Amérique que j'avais aimée. Cette terre qui produit à la fois le meilleur et le pire, ce peuple que j'aimerais tellement voir se lever pour reprendre son Histoire en mains. Quand j'étais ado plein de monde me taxait d'"Américaine" comme si c'était un gros mot, une insulte. On me résumait pas mal à mon parler anglais, comme si mon fait français avait disparu en cours de route (oublié dans une boite de Big Mac peut-être ??). Ce petit bout d'américanité était rangé dans un coin, il attendait son heure pour revenir.
L'heure est-elle enfin venue ? Réponse à 1h cette nuit, et j'ai envie de croire...

Publicité
Commentaires
MAGMA MENTAL
Publicité
Archives
Publicité