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MAGMA MENTAL
31 décembre 2007

Le super vilain mot du jour : "résolutions"

Alors voila, comme chaque année c'est le même charabia.

Ça commence par la sempiternelle question : "tu fais quoi le 31 ?" et rapidement ça enchaîne sur la question vaine de base :"et ce sera quoi tes résolutions pour la nouvelle année?". On dirait que tout le monde en a tellement marre de l'entendre que de plus en plus de gens cessent de poser la fatidique question après le 1er janvier. Ce serait presque en passe de devenir tabou. Sauf que du coup entre le 28 et le 31 c'est l'avalanche.

A chaque fois cette question me rappelle un des sujets de philo l'année où j'ai passé mon bac : "pourquoi l'homme travaille-t-il ?". Oui bon le lien de corrélation entre les deux ne saute peut-être pas aux yeux là comme ça...voyons voir...Le propos de cette disserte était de faire dire à l'élève qu'au-delà de l'impérieuse nécessité de travailler pour gagner sa croûte et donc basiquement survivre dans le monde que l'homme s'est taillé, le dit homme ressentait le besoin de travailler pour exister. Car l'homme qui ne fait rien ne serait plus homme mais quelque part dans les cycles darwiniens entre le macaque et le cousin de Lucie la primate. Autant dire que le jour de l'épreuve j'avais soigneusement évité ce sujet, trop incapable d'argumenter dans le sens voulu et car j'étais (déjà à l'époque) convaincue que pour les super feignants comme moi, la problématique ne serait pas de s'épanouir par l'effort mais de constamment ruser et bidouiller pour travailler le moins possible en gagnant le plus possible, ce dans le but de conforter le besoin naturel de buller.

Alors où était le lien, donc ? Et bien de mon point de vue, les résolutions de nouvelle année sont une sorte de démembrement du travail. Toujours dans cette idée de s'épanouir, arrive l'idée de se rendre meilleur. Meilleur certes, mais pourquoi faire ? Pour contenter quoi et qui ? Meilleur pour devenir quelqu'un d'autre ? Nos vices et nos faiblesses font partie de nos territoires, sans nos lacunes et nos tords nous ne serions plus humains. Plus nous-mêmes en tous cas.

C'est pourquoi je boycotte la simple idée de prendre des résolutions, je trouve ça débile et de toutes façons stérile. Exemple, 1er janvier, Duchmol décide que cette année il reprend le sport. Mais de janvier à avril il fait juste trop froid pour aller taper le foot avec les copains, égal : la résolution attendra le printemps. Dugland décide d'arrêter les sorties, les apéros à rallonge et les nuits trop courtes à cuver avant de pointer le lendemain matin. Mais après avoir essayé, il se trouve dépourvu de vie sociale. Alors il replonge. Martine veut arrêter le pain/beurre/chocolat. Du coup elle achète des Yabon et des brioches Pasquier. C'est pire...Ginette veut arrêter les cachetons pour être heureux. Du coup elle est malheureuse et emmerde tout le monde autour d'elle. Robert veut arrêter de tromper Ginette avec sa secrétaire. Du coup il la largue mais d'avoir Ginette en ligne de mire tous les jours lui donne juste envie de divorcer...

Je veux dire par là que nos résolutions sont (observez...) presque toujours des chimères. Comme quand on est censé faire un voeu et qu'on sait d'avance qu'il ne se réalisera pas. Je comprends mal l'intérêt de s'accrocher à l'impossible pendant des années. Changer et évoluer est toujours possible. Mais on le décide quand on est prêt, ou quand se présente une bonne perche. M'est avis que la plupart du temps les résolutions qu'on entend n'ont rien à voir avec des décisions fermes et définitives. Je trouve qu'elles ressemblent le plus souvent à de vagues objectifs. A un port qu'on aperçoit à la longue-vue, de l'autre côté de la mer, mais qu'on ne pourra pas approcher tant qu'on n'aura pas trouvé son embarcation, juste parce qu'y aller à la nage nous tuerait. Alors il y a ceux qui regardent le port au loin et ceux qui cherchent les vents favorables...pour y arriver en économisant ses moyens...

Donc comme chaque année et pour les siècles des siècles (amen), je prône, sans ordre particulier : le doute, l'indécision, l'irrésolution, l'opportunisme, l'envie, les tentatives et autres coups d'essai, la flexibilité, la mobilité, la curiosité, mais surtout et autant que possible, un peu d'humanité.

Avec ça je ne vois pas comment on peut passer une mauvaise année ou terminer celle à venir en se retournant sur un grand champ désert sur lequel on n'aura rien fait pousser des 12 mois.

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