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MAGMA MENTAL
14 juillet 2008

"Je reviendrai à Montréal....dans un grand boeing bleu de mer..."

Un mois que mon dossier est parti.

Tâchons de penser positivement : c'est déjà un mois de moins sur les quelques 12 qu'il faudra avant de pouvoir partir. Pas de nouvelle de l'immigration, ma petite boulette de fiche mal remplie a soit été traitée, soit pas vue. Qui sait, le dossier traîne peut-être quelque part dans une pile haute comme le mur ?

Difficile de m'organiser maintenant.

Difficile car tout n'est que moyen terme, et quoique j'entreprenne, je suis obligée de tout commencer comme du temporaire, en laissant des ouvertures pour en faire du durable. Mais il n'y a rien de pérenne et le très court terme se gère tout seul.
Ainsi, le terme immédiat me sert bien à liquider des pans de ma vertigineuse to-do list. Et à chaque fois que j'efface une de ces choses que je remettais sans cesse au lendemain, j'ai l'impression de clore un chapitre, de m'alléger. Cette vie à courte vue est pleine de tris ; de paperasserie (eurk) ; de rendez-vous médicaux tant que j'ai encore une mutuelle ; de nouvelles lunettes tendance "je suis une personne d'une remarquable intelligence, si si, vous pouvez me faire confiance...ALLEZ embauchez moi bordel !!". Mais ça ne va guère plus loin. Car tout peut toujours changer sans préavis.

Le moyen terme est un grand capharnaüm. Pas question de m'endormir sur mes assedic avant d'avoir mon visa, il faut que je bosse. Mais quelle que soit la démarche, je ne saurai pas si elle durera ou non tant que je ne serai pas fixée sur mon certificat de sélection (phase québécoise du recrutement d'immigrés, avant la phase fédérale canadienne). Ou comment on en vient à faire des candidatures qui se veulent les plus enjouées possible pour des offres en CDI tout en préservant les moyens de rester libre en vue du "mois M" (inutile de parler de jour J pour le départ, ça ne va pas se faire en 1 jour). Ou comment on commence à se délester de ses affaires tout en continuant à en acheter quelques nouvelles (la faute aux soldes), en se demandant à quoi on tient vraiment et ce qu'il en restera, "après"...


Parfois, je doute.
Contrairement à ce que semblent penser tout un ensemble de personnes qui me renvoient l'image d'une sorte d'électron increvable, et bien oui, je doute. De mon avenir, de ce dont il sera fait, mais plus grave, de ce que je veux vraiment.
C'est une chose qui arrive quand on n'est pas seul à tenir son destin en matin. Car on vit suspendu au bon vouloir d'une administration, situation très difficile pour qui est de nature autonome et entreprenante...
Et je sens que je me trouve à la croisée de deux vies. Complètement opposées, mais qui ont autant de chances de se produire.
Dans l'une, j'obtiens mon visa, je pars, j'assume mon choix, les risques et les galères attenants, et je me reconstruis une vie là-bas dans les grands espaces.
Là, ce sera une aventure intérieure délirante et matériellement, un retour des années en arrière. Le temps de me refaire. Ce sera un réseau à reconstituer, le tri naturel dans les amitiés françaises, des liens qui se distendront mois après mois tandis que d'autres se fortifieront. Probablement toute une culture professionnelle à réapprendre, une vie de découvertes. Des challenges sur ma route dès chaque lever de soleil.
Dans l'autre, je n'obtiens pas de visa ou pire, je me laisse piéger par de nouveaux engagements. Comme un prochain boulot par exemple. Et je finis par craquer mon PEL pour me poser à la campagne dans deux ans, avec pour leitmotiv principal de refaire les revêtements de la maison et d'aller bêcher mon jardin.

Et quand je fais part de mes doutes, on me répond : va savoir où tu vas repartir, tu vas repartir. Dans un forum d'émigrés au Québec, je lisais la contribution d'un local. A la question d'un français qui, en bon assisté qu'il est, demandait comment trouver du travail depuis Paris, sans bouger son steak sur place, le local répondait : "Un conseil, si tu n'as pas un peu l'esprit aventurier, reste en France. L'immigration demande pas mal de sacrifices mais aussi d'être parfois légèrement inconscient dans ses décisions".

Cet homme parle d'or. L'aventure va se poursuivre, à moi d'être tour à tour patiente puis speed, la tête dans l'avenir mais les deux pieds dans le présent, réaliste mais inconsciente, consciente des difficultés mais prête à les ignorer, téméraire mais prudente, prête aux sacrifices mais vigilante sur lesquels, capable de m'engager dans une voie en sachant que je peux la quitter sans préavis, attachée mais détachée.
Et en attendant, je suis boulonnée à ma chaise. Et purée, ça me file des crampes...

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Commentaires
J
Allez courage! Du moyen terme pour l'instant! il n'y a aucunes raisons que ton dossier ne soit pas pris. Positive et en attendant il faut bien s'occuper!!!
M
Courage !
MAGMA MENTAL
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